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2024/02/09 (金) 20:37~2024/02/14 (水) 0:26

  • wmt02379
  • Mar 10, 2024
  • 10 min read

Updated: Mar 11, 2024




2024/02/09 (金) 20:37

 

Il aura quand même mis le Japon musical sur la carte, et quelle santé !

 

 

J'ai le souvenir en arrivant ici d'un Boris en japonais vu du poulailler à Bunka Kaikan [1], il dirigeait sans partition, avec sur le pupitre en tout et pour tout son mouchoir trempé de sueur. Je n'oublie pas non plus que sans le modus operandi et son délire ô combien justifié avec Murakami sur le piano d'Uchida, les Folies ne seraient pas. 感謝感激 [2]

 

 

2024/02/09 (金) 21:16​​​

J'ai redécouvert Ozawa au cours de nos échanges et admiré son génie dans un répertoire où d'autres noms s'imposaient à moi et dans ceux où il était célébré. 

 

Je naissais cette année-là : 

 

 

Quelle triste nouvelle. 

 

2024/02/09 (金) 21:39

Pour le proche et le lointain : 

 

 

 

Si je songe à des disques éloignés :

 

 

Et, d'un génie, l'autre :

 

 

 

2024/02/09 (金) 23:49

 

Prodigieux.

 

 

etc.

 

Écoutez ô Français les leçons de la guerre

Et faites des enfants vous qui n'en faisiez guère

 

Bonne nuit !

 

 

2024/02/10 (土) 0:03

 

À toi aussi. Sur le chapitre des enfants, je suis hélas plus proche de Beckett que de Bergman. 

 

2024/02/10 (土) 0:41​​​

Je fus un méchant Augustin aut libri aut liber i [3]

 

Je me souviens des conseils de Lord Chesterfield, roué génial, à son fils, versate manu,  versate diurna [4] mais appliqués aux conquêtes féminines.


J'associe Ozawa à Doráti dans mon panthéon personnel : je ne possède pas beaucoup d'enregistrements, mais j'aime passionnément ceux-ci. 



 

 

2024/02/10 (土) 13:23​​​

Bel hommage, Grand garçon. Tous n'y ont pas droit :

Il était né la même année que ma soeur disparue cinq ou six ans avant lui.

Il faisait partie de notre environnement, he was there, y compris au Japon avec toutes les histoires qu'il traînait après lui : tu me pardonneras de citer à cet égard un vieux fond de tiroir (Le Sacre de l'hiver, 2006) :

 

Le Nouvel Orchestre Symphonique, devenu en 1942 l’Orchestre Symphonique du Japon, puis en 1951 l’Orchestre Symphonique de la NHK, a depuis 1947 systématiquement programmé la Neuvième à l’approche du Nouvel An. Il n’y eut à ce rite, accompli avec une régularité d’horloge, que deux manquements, dont les raisons sont d’ailleurs parfaitement identifiables : l’exécution en concert de Falstaff pour le  cinquantenaire de la mort de Verdi, 1951, et en 1962 une brouille demeurée irrémédiable entre les caciques de l’orchestre et le jeune Seiji Ozawa (il est alors âgé de vingt-sept ans), appelé à les diriger du fait d’une soudaine indisponibilité de Kubelik.  Les choses s’étaient à ce point envenimées que l’administration de l’orchestre se vit contrainte d’annuler purement et simplement le programme. C’est l’une des singularités du monde musical japonais que le chef le plus emblématique du pays, par ailleurs immensément populaire et médiatique,  soit considéré comme persona non grata par la principale formation orchestrale. L’homme se consacre d’ailleurs avec une remarquable opiniâtreté depuis quarante ans à fonder l’une après l’autre des machines de guerre (New Japan PhilharmonicSaito Kinen Orchestra), destinées à saper l’orthodoxie qu’incarnerait l’Orchestre de la NHK. La vengeance est apparemment un plat qui se savoure longuement.

 

Le superbe Concerto pour orchestre que tu m'as posté hier, quelque trente ans après le fameux N響事件 [5], est sans doute l'une des rares entorses à cette étrange ignorance mutuelle, pour parler poliment, avec l'Orchestre. L'oeuvre était couplée avec le Concerto de Dvorak avec Rostro en état de grâce, et comme en mission. Ce n'était d'ailleurs pas un concert d'abonnement, et c'était une semaine après Kobe [6]...

D'après l'un des commentateurs,  

長い間、N響と不仲であった小澤さんがN響を久しぶりに指揮した演奏会でしたね [7]

Il n'y a même plus, pas plus que pour le Bartok, de mouchoir trempé de sueur sur le pupitre...

 

Tirésias que je t'ai posté hier soir, à quelques prononciations disgracieuses près, me paraît rien moins que miraculeux.

 

Et je partage comme tu le sais ta passion pour Dorati.

 

 

 

2024/02/10 (土) 17:03

 

Très beaux hommages. Je ne pense pas que le Japon ait retrouvé un chef de pareille stature.  D’ailleurs, un peu comme Bergman, Ozawa n’a été prophète en son pays que sur le tard. 

 

Je ne peux pas dire que je l'ai manqué. Je ne l'ai jamais vu diriger sauf en ligne avec des extraits qui sont tout de même à l'expérience ce que le cocktail finnois dit Molotov [8] – efficacité de la fragmentation – est à l'artillerie lourde. 

 

J'ai déjeuné avec Joseph O'Leary [9], fin mélomane, grand lettré, et à qui, à la mention d’Ozawa évoque Takemitsu, compositeur que je connais encore trop mal, mais que j'admire de plus en plus.      

 

 

Après tout :

 

 

 

2024/02/10 (土) 20:14

 

Je ne connaissais pas cette belle pièce de violon, que la plastique genre Columbia Pictures d'Anne Sophie Maman ne gâche en rien, ni ce Moby Dick qui semble avoir été composé à ton intention ! 

Quant à O'Leary, sauf son respect songer à Takamitsu en pensant à Ozawa c'est quand même enfoncer largement les portes ouvertes, Ozawa ayant grandement mis Takemitsu sur la carte en enregistrant November Steps à  la suite de la Turangalila en 67.

Tu sais le goût que j'ai pour Takemitsu (je l'ai rencontré personnellement deux fois, c'était quelqu'un de très gentil, et Ran est un impérissable chef-d'oeuvre), et le souvenir délicieux que je garde de la fin de soirée que je passai dans mon ancienne maison, avec lui et Michiyoshi, à leur faire écouter du Korngold. Permets-moi donc de remonter bien loin dans nos Folies pour retrouver la trace, déjà évoquée, de ce moment d'exception.

 

2020/05/13 (水) 10:43

C’est reparti pour la petite madeleine, on va pouvoir bientôt en faire commerce. L’enregistrement Leinsdorf, prodigieux d’un bout à l’autre, c’est d’abord pour moi la révélation du prélude du deuxième tableau, avec cette évocation sombre, métallique et brutale de la Ville morte et de ses clochers. Je ne me lassais pas de me le repasser.

Un jour que nous avions dîné au dehors à Kyoto avec Inoue Michiyoshi [10], le chauve sublime, et Takemitsu, je les avais ramenés chez moi, et je leur avais passé ce prélude dû au grand maître de la musique de film dont Takemitsu fit, et avec quel talent, son métier. Ni l’un ni l’autre ne connaissaient l’oeuvre. Takemitsu était scotché, quant à Inoue il devait plusieurs années après la monter dans les deux capitales en version semi-scénique avec Nakamaru Michie [11] et le ténor slovaque Ludovit Ludha (Tokyo Philharmony et Kyoto Symphony). Il me rendit gentiment hommage dans le programme, si bien que je compte au nombre des actions dont je n’ai pas trop honte d’avoir été à l’origine de la première audition japonaise de Die Tote Stadt. Takemitsu était adorable. Il racontait avec humour comment Kurosawa lui avait donné pour toute indication concernant Ran de lui refaire en toute simplicité Le Chant de la Terre. Je trouve qu’il a relevé le gant non sans panache :  

 

2024/02/11 (日) 17:52

 

Tu ne croyais sans doute pas si bien faire en m'adressant la vidéo du Concerto pour orchestre de 95. Il s'agit en fait de la première (et quasi unique) retrouvaille entre Ozawa et l'Orchestre Symphonique de la NHK, suite au fameux différend de 1962 : à ma connaissance il n'y a dix ans plus tard qu'un "family  concert" (d'où les applaudissements à la fin des mouvements) dont il reste cette Cinquième.

Je me suis amusé à fouiller un peu dans la documentation disponible sur le net. Pour le faire court, Ozawa était rentré début 62 de New York, où il servait d'assistant à Bernstein au Philharmonique, pour assurer ( à 27 ans) la direction de l'Orchestre durant la seconde moitié de l'année. Jeune freluquet sans doute irrespectueux, de plus diplômé de Toho [12]alors encore en devenir, il avait eu affaire avec les vieux crabes de l'Orchestre qui étaient quasiment tous sortis de Geidai [13], de plus dès le second concert il leur avait balancé la Turangalila qui avait dû leur faire passer à déchiffrer quelques nuits sans sommeil. Durant une tournée pendant l'été en Asie du Sud-est, ils lui imputèrent des erreurs techniques, et les choses s'envenimèrent au point que l'administration de l'Orchestre fut contrainte, précédent absolu, d'annuler la série de concerts d'abonnement de décembre ainsi que les sacrosaintes Neuvièmes de fin d'année. C'est aussi ce qui le conduisit à quitter pour bien des années le Japon et entamer la carrière phénoménale que  l'on sait. Il s'en explique dans la déclaration suivante : 「N響のボイコットは劇的な瞬間だった。深く傷ついたし『二度とこの国で音楽をやるもんか』とすら思った。ある意味ではそのおかげでバーンスタインの助手に集中できた。…結局日本人なのに日本のトラディショナルを知らなかったんだな。アメリカのオープンなやり方しか知らなかったから[14]。」

Le concert Rostro est donc la première fois où l'enfant prodigue, chargé d'ans et d'honneurs, revient diriger l'orchestre après 32 ans. Il ne s'agit pas d'un concert d'abonnement, et il est donné au Suntory Hall [15], soit hors de l'antre sacrée du  NHK Hall. Pour corser les choses, le tremblement de terre de Kobe a eu lieu une semaine auparavant, et Slava ne se contente pas comme nous l'avons vu hier de  conclure le concert sur la Sarabande de la Deuxième suite, en fait Ozawa l'avait commencé sur l'aria de la Suite en ré que le Boston Symphony, nous l'avons vu et entendu,  exécuta l'autre jour en hommage à sa mémoire.

 

2024/02/12 (月) 16:47

 

J'ai écouté, avec intérêt, la musique composée pour Ran. Comme avec certaines oeuvres taines oeuvres de Messiaen, que je n'eusse sans doute pas découvert sans toi ou Ligeti sans Brendel, l'expérience fut très agréable. 

Bien mal m'a pris, en revanche, de revoir  Ran hier soir, même si je fais la part de l'inadaptation de mon écran d'ordinateur. J'ai trouvé que ce film, vu en salle une fois lors de sa sortie en 1986, n'est qu'une barbifiante adaptation du chef-d'œuvre de Shakespeare – à l'inverse du Château de l'Aragne que j'admire et, à un degré moindre, des Salauds dorment en paix que j'aime aussi beaucoup –. Pis encore, les images ne faisaient renaître en moi aucun souvenir de ces années si agréables où je m'inscrivais en chinois et en japonais à l'INALCO après avoir découvert Lafcadio Hearn. En ce temps-là, je dévorais les poèmes eddiques, les sagas ou la grammaire du norne[16]

de Rasmus Rask [1]7. Le norne, cette langue que chante Bryn Terfel dans une chanson de son dernier enregistrement de sea shanties.




Certains tiroirs et certains flacons gagnent à rester fermés. 

 

 

2024/02/13 (火) 17:41

 

Je suis mal placé pour apprécier ton rejet de Ran. Le film a malheureusement disparu de You Tube. Je me souviens avoir toujours éprouvé la plus grande admiration pour ce que je tiens pour un chef-d'oeuvre, à commencer bien entendu par l'équilibre entre la splendeur des images et cette partition que je porte auux nues. Comme je porte aux nues la partition de mon cher Takemitsu pour Harakiri.

Dont acte bien entendu pour Le Château de l'Araignée. Quant aux Salauds dorment en paix, je ne l'ai jamais vu et ne saurais donc en parler.

Comme tu le sais, quel que soit mon goût pour Kurosawa, il le cède totalement à celui que j'éprouve pour Ozu, jusqu'à ses musiques nunuches auxquelles je trouve un charme inexplicable. J'éprouve beaucoup d'admiration pour cette étude structurale virtuose en quatre minutes des films en couleur de la fin (il résista jusqu'en 36 au parlant et jusqu'en 56 au technicolor, au fait je suis fou de l'image à 2'08"),  

le main theme de 晩春 [18] est pour moi comme un second 君が代 [19],

et je trouve celui de 東京暮色 [20] inimaginablement nostalgique. 

C'est ainsi, on ne se refait pas.

 

 

2024/02/13 (火) 20:52

 

Les jaunes et les rouges de Ran, les mouvements de troupe et les flots d'hémoglobine restent impressionnants mais plus comme un tableau de genre. Les imprécations de Lear au début de l'acte III sont perdues. Près de quatre décennies plus tard, la nostalgie manquait au rendez-vous. Ce n'est pas un navet, tant s'en faut. 

 

J'ai vu Les Salauds à une séance du ciné-club de la National Gallery. Ce n'est que passé le film que j'ai songé à Hamlet.

 

Sur Ozu, je ne saurais rien rajouter. 

 

2024/02/14 (水) 0:26

 

Amusant petit point d'histoire (et formidable richesse de You Tube) : pendant que l'élève Ozawa a été mis au piquet par les vieux crabes de la NHK et que les Neuvièmes de fin d'année ont été annulées (horresco referens), le maître du trublion est venu de Boston et donne une Fantastique le 28 décembre 1962 avec le Japan Philharmonic. Ainsi en va-t-il, selon le point de vue où l'on se place, du N響事件 [21] ou de l'小澤事件 [22]

 

 


[1] Importante salle de concert et de spectacle municipale à Tokyo.

[2] Profonde reconnaissance.

[3] Soit les livres, soit les enfants. Autrement dit, celui qui espère créer doit s'abstenir de procréer.

[4] "Ne quittez (les exemples grecs) ni la nuit ni le jour" ( Horace, Art poétique 268-69), in Lord Chesterfield, Letters to his Son (undated), number CCII in 4th edition (London: J. Dodsley, 1774).

[5] L'incident de l'Orchestre Symphonique de la NHK.

[6] Le séisme de Kobe a eu lieu le 17 janvier 1995.

[7] "C'est le concert que dirigea Ozawa après une longue période de désaccord  avec l'Orchestre Symphonique de la NHK".

[8] La Compagnie Altia, qui détenait le monopole public finlandais sur l’alcool, disposait d'une ligne d'embouteillage à Rajamäki, dans la banlieue d'Helsinki. La distillerie Rajamäki a commencé en 1939 (Guerre d'Hiver contre l'URSS) à mettre en bouteille des "cocktails Molotov" avec un mélange de goudron, d'essence et d'éthanol. Au total, elle aura eu le temps de mettre en bouteille plus de 500.000unités. Certains disent que sans eux, la Guerre d'hiver (1939-40) aurait été perdue.

[9] Théologien irlandais (1949- ) installé au Japon depuis 1983.

[10] Chef d'orchestre japonais (1946- ).

[11] Soprano japonaise (1960- ).

[12] Université musicale privée à Tokyo (1955- ).

[13] La Faculté de musique de l'Université Nationale des Arts de Tokyo (1949- ), issue de l'École de musique de Tokyo (1879- ).

[14] "Le boycott de l'Orchestre Symphonique de la NHK fut un moment dramatique. J'en fus profondément blessé, et je me demandai même si je pourrais jamais refaire de la msique dans ce pays. En un sens je pus grâce à cela me concentrer sur mon travail d'assistant de Bernstein. En fait, bien que Japonais, je ne connaissais rien aux manières de faire du Japon, je ne connaissais que le comportement ouvert des Américains".

[15] Importante salle de concert privée à Tokyo.

[16] Langue morte scandinave qui était parlée jadis dans les Shetland, les Orcades et dans le Caithness (pointe nord-est e l'Écosse) 

[17] Philologue danois (1787-1832).

[18] Printemps tardif.

[19] Le Kimi ga yo est l'hymne national japonais.

[20] Crépuscule à Tokyo.

[21] Voir supra, note 5.

[22] L'incident Ozawa.

 
 
 

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