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2023/04/13 (木) 16:05~2023/04/20 (木) 0:08

  • wmt02379
  • Jul 2, 2023
  • 10 min read


2023/04/13 (木) 16:05 À 82 ans qu'attendre de Dylan ! Les fans ne sont plus tout jeunes. Les chefs sont blanchis ou comme le crâne de Yul, les masques omniprésents. Son premier concert au Japon eut lieuvoici 45 ans...


Rideau bordeaux, décor sobre qui aurait pu servir pour Hank Williams [1]. La voix, pourtant éraillée comme une grand-route aux mille charrois, était encore étrangement présente. Dans un catalogue aussi varié, Bob choisit 'Truckin' '' chanson-phare des Grateful Dead [2] – The Dead pour les fans, dont je ne fus jamais – et termine sur 'Every Grain of Sand'.


Je suis sorti enchanté de l'expérience. Peut-être me suis-je réveillé plus triste et plus sage comme le vieux marin de Coleridge...



2023/04/14 (金) 12:51


Je te suis à la trace.



C'est ainsi que

A sadder and a wiser man, You rose the morrow morn.



2023/04/14 (金) 23:54

Deux choses : depuis hier je ne parviens pas à me détacher du texte fascinant et prodigieusement problématique de Coleridge. Sans doute y faisais-tu allusion par le biais de ta (formidable) mémoire. Or ce n'est pas le vieux marin qui se réveille plus triste et plus sage, mais le Wedding-Guest, qui a fait en une soirée son roman d'éducation.

The Mariner, whose eye is bright,

Whose beard with age is hoar, Is gone : and now the Wedding-Guest

Turned from the bridegroom's door.

He went like one that hath been stunned,

And is of sense forlorn :

A sadder and a wiser man,

He rose the morrow morn.

J'ai cherché par ailleurs si on n'avait pas rêvé musicalement sur cette oeuvre magnifique, et ai été étonné de ne rien trouver en termes de musique sérieuse chez nos amis britanniques. Alors tu pardonneras à un enthousiasme de néophyte (Dieu sait qu'en l'occurrence je ne joue pas sur mon terrain), mais je trouve ce qui suit assez formidable. Le mouvement lent, avec les grincements du bateau, est superbe, quelque part entre métal et imagination sonore on est entre Evita et La planète des singes, deux de mes absolus favoris comme tu sais, et même s'il y a des longueurs et des redites je sors de là quand même assez scotché. https://www.youtube.com/watch?v=OSDZj_jh5cE

Hear the rime of the ancient mariner / See his eye as he stops one of three / Mesmerizes one of the wedding guests / Stay here and listen to the nightmares of the sea / And the music plays on, as the bride passes by / Caught by his spell and the mariner tells his tale / Driven south to the land of the snow and ice / To a place where nobody's been / Through the snow fog flies on the albatross / Hailed in God's name, hoping good luck it brings / And the ship sails on, back to the North / Through the fog and ice and the albatross follows on / The mariner kills the bird of good omen / His shipmates cry against what he's done / But when the fog clears, they justify him / And make themselves a part of the crime / Sailing on and on and north across the sea / Sailing on and on and north 'til all is calm / The albatross begins with its vengeance / A terrible curse a thirst has begun / His shipmates blame bad luck on the mariner / About his neck, the dead bird is hung /And the curse goes on and on at sea/ And the curse goes on and on for them and me / "Day after day, day after day / We stuck nor breath nor motion / As idle as a painted ship upon a painted ocean /Water, water everywhere and / All the boards did shrink / Water, water everywhere nor any drop to drink." There calls the mariner/ There comes a ship over the line / But how can she sail with no wind in her sails and no tide/ See, onward she comes / Onward she nears out of the sun /See, she has no crew / She has no life, wait but here's two / Death and she life in death / They throw their dice for the crew / She wins the mariner and he belongs to her now / Then, crew one by one / They drop down dead, two hundred men / She, she, life in death / She lets him live, her chosen one / "One after one by the star dogged moon / Too quick for groan or sigh/ Each turned his face with a ghastly pang /And cursed me with his eye / Four times fifty living men/ (And I heard nor sigh nor groan) / With heavy thump, a lifeless lump /They dropped down one by one." / The curse it lives on in their eyes / The mariner he wished he'd die/ Along with the sea creatures /But they lived on, so did he /And by the light of the moon /He prays for their beauty not doom / With heart he blesses them / God's creatures all of them too / Then the spell starts to break / The albatross falls from his neck / Sinks down like lead into the sea / Then down in falls comes the rain / Hear the groans of the long dead seamen / See them stir and they start to rise / Bodies lifted by good spirits / None of them speak and they're lifeless in their eyes /And revenge is still sought, penance starts again /Cast into a trance and the nightmare carries on / Now the curse is finally lifted /And the mariner sights his home / Spirits go from the long dead bodies / Form their own light and the mariner's left alone /And then a boat came sailing towards him /It was a joy he could not believe / The pilot's boat, his son and the hermit / Penance of life will fall onto him /And the ship it sinks like lead into the sea /And the hermit shrives the mariner of his sins / The mariner's bound to tell of his story / To tell this tale wherever he goes / To teach God's word by his own example / That we must love all things that God made / And the wedding guest's a sad and wiser man /And the tale goes on and on and on


2023/04/15 (土) 0:55


Bien sûr.


Comme Frankenstein, que l'on confond avec sa créature... mais c'est bien au sortilège (gramarye) des yeux du vieux marin que je songeais. Dylan, sans que cela soit explicable, me paraît posséder cet étrange pouvoir.


J'ai à Paris une édition de mes années de lycée, « agrémentée » des illustrations de Doré (Mervyn Peake [3] comme seul rival) : telle la Combe-aux-Loups, elle a marqué une borne dans ma vie.

La sortie du port – retrouvée dans Moby-Dick – reste une de mes scènes capitales.



Ma passion faite de terreur et de fascination pour la mer vient de plus loin mais, après cette lecture, elle changea pour toujours de nature. Comme toi, je me suis souvent interrogé sur cette absence d'adaptations musicales sérieuses. Trace de ce mystère :



2023/04/15 (土) 9:34

J'avais retrouvé les illustrations de Gustave Doré. Elles émerveillent.

Et oui, il ne m'étonne pas que Britten ait songé à s'y mettre.

Et dans un genre certes plus conventionnel (mais non moins marin), pour le plaisir d'entendre la grande Janet en condition vocale glorieuse dans un cycle qui ne lui va pas moins bien que les Nuits.


2023/04/16 (日) 10:44


Temps breton voire écossais aujourd'hui. Je me suis appuyé les deux symphonies « maritimes » de Vaughan Williams. Je ne laisse de m'interroger sur cette absence du texte de Coleridge chez ce type de compositeur, même si, au risque de déplaire, je me demande si Britten n'était pas le meilleur pour transposer ce chef-d'œuvre.




En 2006, je suis allé à Nantucket à l'invitation d'une association de Princeton après avoir visité le Seaman's Bethel [4] de New Bedford. J'avais fait un laïus sur Moby-Dicket Isanatori de Kôda Rohan [5], à la limite de l'escroquerie tant le second texte est inférieur au premier. Ton message en me ramenant vers le large m'a rappelé deux autres questions sans réponses satisfaisantes à ce jour :


1- Les lettres japonaises ne contiennent pas – à l'exception mince de 蟹工船 [6] — loin de Kárason [7] dans ses Oiseaux de tempête — de chef-d'œuvre à la Melville, Conrad, Golding, ni Hugo ni Loti, ni Amado. Pas de Coleridge non plus. Ni Robinson, ni Gulliver, ni sagas, ni odyssées. À part la vague de Hokusai et quelques autres "marines" en divers formats, les arts plastiques restent très pauvres.


2- J'ai dix ans à Saint-Quay-Portrieux. Mon grand-père m'y emmène faire du bateau avec un camarade de camp installé sur place. On me propose de nager en pleine mer en allant vers Paimpol. Je plonge et un déclic se produit. Une sorte d'expérience initiatique de hasard.


Qui dit Nantucket dit aussi Arthur Gordon et Edgar Allan, ainsi qu'un curieux épisode évoqué dans cette chanson de marins (autre genre étranger ici) :



2023/04/16 (日) 15:19

Renseignements pris Little boy Billy (superbement interprèté) aurait

semble-t-il été adapté du Petit navire, lequel donna aussi naissance à

cette Courte paille, moins hideusement trahie par ses interprètes que

ce que l'on trouve généralement sur You Tube de cet acide souvenir,

travesti en comptine enfantine, de l'anthropophagie dite "de

nécessité":


S'agissant de l'absence que tu pointes au Japon d'une littérature ou d'un art de la mer, ne crois-tu pas qu'il faille peut-être l'attribuer à l'impossibilité (comme dans le 海禁 [8] chinois) de prendre la mer, de naviguer en haute mer du fait du 鎖国 [9]?Outre que curieusement (je ne crois pas que ce soit le cas du Japon), il est des pays maritimes, sinon insulaires (Bali par exemple) qui tournent résolument le dos à la mer, ses démons et ses dangers. Pour l'Europe, Corbin autant que je me souvienne a pas mal écrit sur le renversement opéré par le développement du tourisme sur la mer, objet de désir après l'avoir été de crainte et de rejet.


Pour finir en beauté (et en musique), quelques marines passionnément aimées...

Là u jou foui dedens la mer

Mit Gewittter und Sturm

Come in quest'ora bruna (et la nef inoubliable de Pizzi : je ne peux

pas voir cette scène sans écraser une larme, Grand garçon, comme tu

le sais j'y ai assisté)

Voilà donc la terrible cité

Una vela !

Dialogue du vent et de la mer

Que de beautés égales !


2023/04/16 (日) 16:00


C'est, de toute évidence, la réponse la plus juste.


Dans les Aventures d'Arthur Gordon Pym, la scène de cannibalisme n’est pas sans préfigurer le sort auquel échappe le petit Billy.


Quand au naufrage de la Venus :



2023/04/16 (日) 19:46


Bob, ensorcelant encore. Grande reprise de ' That Old Black Magic' puis déchirant finale à l'harmonica après les derniers mots de 'Every Grain of Sand'. Je serai juste triste demain matin.


Le modèle du personnage dévoré dans Arthur Gordon Pym s'appelait Billy et, après lui, un autre Billy fut boulotté avant le shanty.


2023/04/16 (日) 19:51

Je serai juste triste demain matin.

Not wiser ?


2023/04/16 (日) 20:33

Some other geniuses not lacking in black magic either...


2023/04/16 (日) 21:49

Que du premier choix ! Que répondre ?


Commençons par un génie oublié et tragique:



Continuons:





Bob est en bonne compagnie.


2023/04/16 (日) 22:50


Bob est en bonne compagnie.

Tu l'as dit. Cela dit cette fois on ne remontera pas plus haut...


2023/04/18 (火) 6:25

Je songe que la scène de la tempête dans l'Otello de Carlos que je t'ai postée l'autre jour me renvoie à un extraordinaire souvenir lyrique : on est alors en 76, à Milan, et Domingo est nouveau dans le rôle. Or il se trouve que j'ai assisté la même année à l'une des représentations parisiennes dirigées par Solti, toujours avec Placido, mais avec Price et Bacquier contre Freni et Cappuccilli à Milan. J'avais, je ne sais pourquoi, acheté une "place aveugle" (je ne sais s'il en existe encore, ou si on ose encore les appeler ainsi en nos temps de "politically correct") : peut-être était-ce tout ce qui restait, ou venait-elle de se libérer, je ne m'en souviens pas. Ce dont je me souviens, c'est qu'elle m'avait coûté cinq francs (!), et que pour ces cinq francs j'assistai à un concert inoubliable. Car en effet, là d'où j'étais (c'est-à dire au troisième rang de la loge d'avant-scène jardin), je ne voyais absolument rien de la scène, je ne découvrais les chanteurs que lorsqu'ils s'avançaient devant le rideau pour saluer. En revanche, j'étais plein pot dans le prolongement de la fosse, et je pus apprécier deux heures durant dans cet opéra de chef la fameuse gestique frénétique de Solti qui évoquait souvent un pantin désarticulé, comme dans la vidéo témoignant de l'enregistrement de la Marche funèbre du Crépuscule :

À la fin du spectacle, lorsque Placido s'avança pour saluer, je ne pus m'empêcher de dire mon admiration au jeune spectateur "fragile", comme on en voit tant dans les travées d'opéra, qui occupait à ma droite l'autre place de mal-voyant. Il hocha la tête, et me dit, avec comme un soupir de regret : "si vous l'aviez entendu mercredi... ".

Voici donc ce que je ne vis pas :

Recuerdos...


2023/04/18 (火) 10:31


Dulces recuerdos.... Mon père se souvient très bien de ces places. J'ai dû entendre le mot pour la dernière fois lors du Ring de Wilson, pourtant au Châtelet...


La chute de l'histoire est superbe. Ajoutons que pour certaines mises en scène d'aujourd'hui on souhaiterait avoir ce type de places.


2023/04/19 (水) 18:05


[...] Retournons à nos folies pour oublier la médiocrité de nos temps.


2023/04/19 (水) 19:08

Je ne peux que souscrire à cette invitation.

Un mail de Régis m'en fournit l'heureuse occasion :

2023/04/18 (火) 7:12

Michel … minuit à Paris je viens d’entendre Bach …..! en concert par Henri Demarquette !! C’était magnifique … souvenir entre nous ! À Kyoto … bise Régis .🎻

De fait, Henri donnait le 17 à la salle Cortot les Suites 1, 3 et 6. Il avait répété devant nous la Sixième, dans une interprétation d'une pureté et d'un engagement admirables. You Tube témoigne d'extraits de la Première, donnés dans des conditions à peu près analogues. On a le sentiment à visionner cela de se nettoyer de toutes les saloperies du temps.

Enjoy !


2023/04/19 (水) 21:03


Demarquette – Fournier et Tortelier comme maîtres – est bouleversant. Je me plonge dans ce que je peux écouter.


Comme il n'y a pas que Bob dans la vie, je regarde au hasard un nom et tombe sur ce calendrier :



On reste songeur.


Pour te remercier, je te passe le bonjour d'Alfred :



2023/04/20 (木) 0:08

Lise vit sa vie, et Alfred le Grand dans le Konzertstück est prodigieux, là comme ailleurs, peut-être même plus qu'ailleurs si possible.

Par lui, une "petite musique de nuit" passionnément aimée pour aller avec le moment.

On dit cette musique un emprunt, ou un hommage : vrai ou faux, qu'importe devant tant de grâce et de beauté de part et d'autre.

Buona notte.



[1] Légende de la country (1923-1953). [2] Groupe de rock américain (1965-95). [3] Illustrateur, poète et écrivain anglais (1911-1968). [4] Chapelle des baleiniers dans le Massachusetts. [5] L'écrivain (1867-1947) a écrit ce roman sur la pêche à la baleine en 1891. [6] Le Bateau-usine est un roman "prolétarien" de Takiji Kobayashi sur la pêche industrielle au crabe (1929). [7] Poéte et romancier islandais (1955-). [8] Mot chinois (haijin) désignant l'interdiction de toute activité commerciale maritime. [9] Mot japonais (sakoku) désignant la fermeture du pays entre le milieu du 17ème et le milieu du 19ème siècle).

 
 
 

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