2023/01/11 (水) 6:41
De retour hier à Kyoto, je me suis jeté sur les Nuits d'été de Spyres [1]. Le type est un phénomène, et l'oeuvre un vrai laboratoire pour cet extraordinaire baryténor [2]. D'entrée, en passant de la Villanelle au Spectre de la Rose, on hallucine : est-ce le même chanteur, qui, cerise sur le gâteau, s'appuie par ailleurs sans ciller dans Sur les lagunes le fameux fa bémol grave ad libitum que même les barytons-basse pur sucre fuient généralement comme la peste ? Quand tu penses que le type est capable par ailleurs de te sortir ça :
C'est sans conteste l'un des chanteurs les plus intéressants de l'heure, avec en prime un français qui ne le cède pas de beaucoup à celui de Gedda. Quel talent !
2023/01/11 (水) 8:39
Spyres m'épate autant que toi. Quelle maîtrise dans l'une de nos œuvres de prédilection.
2023/01/14 (土) 9:14
Mon pote Dédé [3] m'adresse un extrait de la répétition du Deuxième Concerto pour piano de Tchaikowsky, qu'il a entendu hier à la Philharmonie sous les doigts ailés du fils Kantorow.
Je ne résiste pas à te transmettre la réponse que je viens de lui faire.
Quel déluge de notes !
Le petit Kantorow démontre s'il en était besoin que bon sang ne saurait mentir.
J'ai entendu (et vu) une flopée de violonistes solo, mais aucun ne m'a jamais donné comme son père (qui était quand je suis arrivé une grosse vedette Denon et que j'ai fait venir à plusieurs reprises, le type était d'ailleurs extraordinairement sympathique) l'impression que l'archet était comme le prolongement naturel du bras.
Il s'agissait d'un programme Leclair-Schumann-Brahms-Ravel avec Jacques Rouvier (et Tzigane pour finir !).
Je les retrouve d'ailleurs sur You Tube, précisément dans Tzigane, et sans doute vers la même époque (fin des années 80). Dix ans plus tard, en 99 (c'est la dernière fois que je l'ai vu), Jean-Jacques me disait encore à 55 balais qu'il se flattait d'être le plus rapide du monde dans la coda !!!
Souvenirs...
2023/01/15 (日) 7:19
Je poursuis le déballage de mes délicieuses étrennes sonores. Les Stravinsky de Rattle enchantent. On peine à croire que tout cela a été enregistré en deux lives. Pour citer Classical Music, le site web de la BBC, "the orchestra responds to the challenge with a spectacular display of sustained firepower, rhythmic control and individual artistry. And there’s much evidence, too, of Rattle’s superlative ear for detail, bringing out exactly what the composer has written down ".
Pour autant, poursuit le chroniqueur anonyme, "a slight reservation concerns the sense of something missing – as if these are performances, however impressively delivered, of abstract works rather than (also) masterpieces of musical storytelling".
Et ce n'est pas le moindre charme de ce tour de force symphonique que d'inciter l'auditeur subjugué par une si épatante restitution de la letttre musicale à retourner à l'original des trois ballets, à commencer par le formidable Oiseau de feu fokinien de la grandissime Nina Ananiachvili (on regrette un peu -beaucoup- l'ajout d'une cinématographie importune) :
Le Petrouchka du Bolchoi nous épargne heureusement pareil traitement :
Que dire de la fameuse recréation (certes largement conjecturale, mais quelle superbe recherche) du Sacre de Nijinski par Millicent Hodson pour le Joffrey Ballet (1987 ?) .
Emballants ballets : quelle chance est la nôtre d'y pouvoir accéder.
2023/01/15 (日) 13:50
Le disque de Rattle est de fait un tour de force. Les critiques de la BBC et de Gramophone l'ont bien vu. J'ai un faible pour (Vassily) Petrenko et Jurowski parmi les maîtres modernes. Mais, sans ballet, on est frustré. Le Bolchoï reste inégalable sauf pour l’orchestre et encore…
Sur un autre registre, Jeff Beck, que j’avais interviewé trois fois et vu dix fois plus, nous a quittés.
Personne n'a fait mieux avec une six cordes.
En plus, l'homme était sympathique et sans ombrageux ego.
2023/01/16 (月) 6:26
J'ai assisté hier à un salon-concert (pour une quinzaine d'amis) donné à Otsu par ma chef de chant, Sakiko Okamoto. Fantastique pianiste tous-terrains qui domine le job dans le Kansai tant tu peux te reposer sur elle du montage musical des oeuvres avec les chanteurs. J'ai bossé avec elle quasi toute ma vie, puisque notre collaboration remonte au Mariage Secret que j'avais fait avec la Kansai Kagekidan [4] en... 89, ce qui ne la rajeunit pas, ni moi. L'entendre en récital est à la fois un bonheur et une souffrance, puisque je ne peux faire en l'écoutant que tant d'années passées avec elle à monter des Mozart, des Rossini, des Bellini et autres merveilles ne me reviennent à la mémoire comme autant de joies qui sont désormais irrémédiablement derrière moi. Elle donnait hier un petit programme Haydn (une heure sans entracte). Je connaissais la sonate qu'elle avait choisie, en revanche en rentrant chez moi je me suis aperçu que les autres oeuvres, délectables, faisaient (bien entendu ?) partie du répertoire d'Alfred le Grand, et que quand ce n'était pas le cas on pouvait aller se servir chez Badura-Skoda, il y a pire...
Alors, pour bien commencer la semaine...
Sonate en mi mineur Hob. XVI-34
Fantaisie en ut majeur Hob. XVII-4
Andante con variazioni en fa mineur Hob. XVII-6
Variations sur l'hymne "Gott erhalte Franz den Kaiser"
La nuit au Ronnie Scott's enchante, comme d'un San Francisco électrique !
2023/01/17 (火) 0:31
Après mes corbeaux et deux mois de DFD (en discontinu), j'ai écouté – cela coïncidait avec mon humeur – le Schwanengesang de Schuen. Je place cette galette royale au plus haut. Manquent peut-être Demus ou Brendel, et la suicidaire noirceur de la fin, mais c'est pour faire mon intéressant. Quelle voix ! Une poésie aussi belle que Dickinson : connaissances par les gouffres, certes, mais les chants désespérés, etc.
Le titre [5] de mon message, s'il ne vaut pas mieux que Vermot, me permet une excursion chez les maîtres anciens :
2023/01/17 (火) 11:35
Je ne savais pas que Schuen avait enregistré ça. Quel bonheur de revenir à ce jeune chanteur qui avait illuminé des pages déjà anciennes de nos Folies. C'est magnifique (quel Doppelgänger !), même si cela ne va pas parfois sans une certaine pose, et comme un enivrement de sa propre splendeur vocale. Mais il a le temps de vieillir, comme un bon Laphroaig [6] (tu vois, je connais mes classiques !).
En fait le problème est toujours le même : comment survivre à celui de qui, dans ce répertoire, on n'ose pas même prononcer le nom ni le réduire à ses initiales ? Pour une fois cependant, on semble rencontrer une alternative crédible, dans une approche tout autre et avec des moyens très différents. Et au moins, on ne peut pas reprocher à Schuen de manquer de ce que certains (dont je ne suis pas) firent tant grief à qui nous savons de n'avoir pas reçu en partage, l'italianità :
Sans compter que le français et la splendeur vocale de Oh quand je dors...
...font rêver de Nuits d'Été que l'Ombre sublime n'aborda curieusement (au disque) qu'en allemand :
Enfin, en écho contemporain au délicieux fox-trot de Benny Goodman :
2023/01/18 (水) 8:40
Encore sous le coup de ce somptueux Schwanengesang (Schuen n'a pas fini de nous émerveiller), je retrouve non sans émotion dans une livraison déjà ancienne de nos Folies l'admirable mélodie du pays ladin, chantée avec ses deux soeurs aînées, que je te poste à nouveau ci-dessous. J'ajoutais quelques jours plus tard que j'aimais la ladinité de Schuen qui le met à égale distance de Milan et de Vienne, et son côté attendrissant de famille Trapp des Dolomites, inoubliable souvenir de promenades dans les plus beaux paysages de montagne que l'on puisse imaginer.
Il chante le Comte Almaviva au Staatsoper en mars, et Wolfram à Unter den Linden en avril. Il donne envie de voyager.
2021/09/12 (日) 9:43
J'ai consacré une partie de la matinée à chercher le texte et la version ladine de cette petite merveille :
La deuxième strophe est différente, mais ça n'enlève rien au charme de cette langue et de cette musique.
BEN DANTER MILE STERES
Ben danter mile steres
Ma öna n’ài vidlé: Al cil dles cialdes seres
Tan bel so lominé!
De net, d’ascusc sön vider
Gonot stêi a i ciarè Y gnea contont y ligher
Da odei so zilorè.
La stëra é sparida,
Iu chiri net y dé; Y tan ch’i l’à chirida:
Ara n’é plü da ciafè.
WOHL UNTER TAUSEND STERNEN
Wohl unter tausend Sternen
Nur einen hab ich gesehen:
Am Himmel in lauen Abenden
So schön sein Leuchten!
In der Nacht verborgen am Fenster
Saß ich oft und schaute Und wurde froh und glücklich
Beim Anblick seines Funkelns.
Der Stern ist verschwunden,
Ich suche ihn bei Nacht und Tag;
Und obwohl ich ihn so suchte:
War er nirgends mehr zu finden.
2023/01/18 (水) 10:11
... et extraite d'un récital de janvier 2019 à la Philharmonie, la même petite merveille, cette fois-ci par Schuen lui-même !
Enjoy !
2023/01/19 (木) 10:14
Un de mes camarades mélomanes m'écrit ceci (je traduis) :
«Schuen est un miracle. Il n'est pas le seul. Écoute le Winterreise d'Appl. Il me rend un plaisir que certaines versions de Dieskau avec sa betroffene [7] Diktion n'ont pas. Ces deux-là sont la preuve qu'il y a d'autres chemins. Gerhaher, ton héros, ou Gœrne étaient trop proches du
Maître. »
J'ai écouté :
La diction est miraculeuse, aucun histrionnisme.
2023/01/19 (木) 21:51
Stupéfiant. Je ne le connaissais même pas de nom, sur le moment j'ai cru que tu voulais parler d'Apple !!! Ils poussent décidément comme bambous après la pluie.
Le Winterreise est d'une aisance formidable, trop peut-être : je suis tout de même gêné ça et là par une certaine forme de surinterprétation, sans doute mon côté antimoderne....
Quand il s'en tient au texte, il est admirable :
Un détail amusant (ou pathétique ?) : natif de Regensburg et Teuton pur jus quoique basé à Londres, il s'est fait ajouter la nationalité britannique quand Sir Simon a fait de même pour l'allemande. À quelles aberrations le Brexit ne nous conduit-il pas ?
2023/01/19 (木) 23:53
Je pense la même chose. Il y a parfois un aspect théâtral à la Bostridge irritant.
Il a quoi qu'il en soit une diction et une aisance vocale déroutantes.
Et un autre génie déjà dans nos Folies, avec les corbeaux en prime :
L'hiver, décidément.
2023/01/20 (金) 18:18
C'est superbe, d'une formidable probité, et la réalisation dans ce merveilleux château rococo serait parfaite (et les croassements parfaitement en situation dans les jardins du Gartenreich de Dessau !), si on ne nous infligeait pas les plans de coupe sur le figurant imbécile promenant sa déprime sur les gazons. Dommage, car en retournant sur You Tube on trouve une épatante mise en page de l'Erlkönig, avec cette superbe idée du Roi en ombre chinoise sur fond végétal.
Et une mort de Posa d'anthologie, qu'il faut tout de même oser dans l'original devant un public francophone en finale du Reine Elisabeth remporté haut la main en 2018 par ce magnifique chanteur.
Dieu est mort, mais il a des desservants qui ne sont pas indignes de lui. Quel autre chanteur (quel autre interprète) pourrait en dire autant ?
2023/01/20 (金) 19:29
Tu te souviens quand je t'avais mentionné son nom ? J'ai acheté son premier disque à Tower Records sans rien connaître de lui ou presque. Dieu a tout de même donné : Goerne, Gerhaher, Bœsch, Appl et lui. Que du trois étoiles. Personne ne peut dire mieux à mon avis. Comme le regretté Tubeuf, je crois que le Lied est l'école des génies.
Les chants de Schuen sont épatants. Quant à Benny Goodman, le revoici avec l'amie des oiseaux noirs :
2023/01/20 (金) 21:03
Tu parles si je me souviens !
2022/05/10 (火) 8:17
Superbe vraiment quel que soit l'idiome concerné, ton dernier petit protégé, et tu as raison, quelle voix ! Belle présence aussi : ils poussent décidément comme bambous après la pluie et on finira pas ne plus savoir où les mettre, les candidats à la succession du Maître sublime : Schuen, Hasselhorn, next ?
Quant à l'amie des oiseaux noirs, le plumage en prime...
Et ceci qui n'a (presque) rien à voir, mais que je vais chercher dans un film dont je ne me lasse pas...
2023/01/21 (土) 0:23
C'est formidable ! On se retrouve comme nos propres doubles.
J'ai lu une critique assez élogieuse d'un baryton français dont j'avais aimé un disque voici quelque temps déjà. Mais après les argonautes de DFD, cela fait un effet curieux.
Tes commentaires seront les bienvenus.
2023/01/21 (土) 0:29
J'oubliais le lien :
Après Schuen...
En version noire, un autre disciple :
2023/01/21 (土) 11:12
J'aime ton sens de la formule, et que tous ces merveilleux desservants du Dieu qui a dérobé la Toison soient comme ses Argonautes, sans compter que cela me renvoie à ceux du Pacifique occidental de Malinowski, dont le livre sur les indigènes des îles Trobriand enchanta ma jeunesse.
J'ai écouté le Doppelgänger de Boesch, c'est sublime, et je me souviens (c'était même lors de ton tout premier mail) que tu m'avais dit autrefois apprécier Degout.
2020/04/11 (土) 16:04
[...]
Pour Uchida, je vais écouter cela avec attention. Jusqu’ici, de Schnabel à Kempff, Brendel ou Pierre-Laurent... j’ai un peu boudé la déesse locale du piano. J’écoute un Islandais ou épatant ou fumiste : Vikingur Ólafsson. Degout en baryton merveilleux.
Drôle comme tu le dis de nous retrouver aujourd'hui les doubles de nous-même dans cet invraisemblable Thesaurus.
J'ai d'abord heureusement trouvé sur You Tube l'intégrale de l'enregistrement du Doppelgänger avec Pichon (le lien que tu m'as adressé n'en donnait que la première partie).
Écoute, je trouve ça plutôt très bien, je dois dire d'ailleurs que j'aime aussi beaucoup la version Liszt avec orchestre, que j'avais entendue autrefois dans un disque de mélodies avec orchestre de Panzéra sur lequel je n'arrive plus à mettre la main dans mon "brol", heureusement que You Tube est là pour suppléer à mon incurie. Panzéra, le dieu de Roland Barthes dont une amie japonaise aujourd'hui très âgée qui suivit en boursière du Gouvernement français ses cours au Conservatoire autour de 1960 disait (je n'ai jamais su si c'était vrai, mais le souvenir délicieusement désuet m'en est resté) qu'il exigeait de se faire appeler "Mon Maître" !
C'est plutôt aussi très bien...
Petit retour aux deux goddesses qui ont enchanté ma soirée d'hier :
Et une troisième pour la route et l'intégralité de cette superbe chanson.
2023/01/21 (土) 14:43
Cela me fait grand plaisir de voir que tu apprécies Degout et ne le juges pas inférieur. Ses enregistrements et ceux de Pichon sont des projets qui ouvrent grand les portes sinon à la pensée du moins à l'imagination, le plus souvent romantique. Ce n’est pas si facile. Gerhaher et Goerne n’ont d'ailleurs pas toujours convaincu dans ce type d’aventures orchestrales.
Schuen, lui, reste dans un cadre plus traditionnel, mais l'on devine partout son absolue maîtrise du chant. Comment éviter ensuite d’enregistrer dix versions du Winterreise et des grands cycles qui, si elles ne sont apprêtées, comme ce léger reproche à l'endroit de DFD, deviennent gewöhnlich [8] à l’usure. On n’en est pas là ; lui non plus. On ne parlera jamais assez des pianistes, non seulement les grands comme Brendel, mais les Heide ou les Martineau (l'un de mes préférés avec Julius Drake) :
Ils sont le sel de ces hautes terres du chant.
2023/01/21 (土) 19:10
Et cette délicieuse leçon de leur maître à tous, dans cette langue si claire et si belle...
2023/01/21 (土) 19:46
Évidemment. Je me réserve cela pour la soirée.
Aurais-je été sévère avec Goerne ?
J'aime le Lied comme j'aime Emily Dickinson – aux plus hautes cimes de la poésie – en raison de l'intimisme absolu qu'il demande.
Les lieder de Schumann par Gerhaher avec Huber sont, pour moi, la merveille de la dernière décennie dans ce genre adoré (trois cents lieder).
2023/01/21 (土) 21:14
Sur Goerne, le type qui commente sa Sylvia a raison : le souffle est aujourd'hui difficilement supportable.
OK, but why the very audible breath between every phase? Doesn't anybody notice? Why didn't they cut them out?
C'est encore pire si possible dans ce Strauss avec le nouveau Coréen de la DG,
et dans le Dichterliebe avec Trifonov.
Est-ce vraiment nécessaire quand on ne le peut plus de remettre sur le métier des choses qu'on a si splendidement enregistrées autrefois ?
Être et avoir été...
2023/01/21 (土) 22:08
Je devinais ta réponse avant de la lire. Dire que Gœrne a laissé des enregistrements avec Brendel impeccables ! Son intégrale Schubert chez Harmonia Mundi reste très écoutable, mais là, c'est un peu comme Depardieu jouant Maigret.
Tout le monde ne pense ou n'entend pas comme nous :
Je trouve ces adulations étranges. Comme aurait dit Gainsbourg, tout tourne au dérisoire. Quitte à donner dans les doubles...
Après les ombres, Peggy Lee et Doris Day pour les lumières. Bonne pioche.
2023/01/22 (日) 1:01
J'allais benoîtement tenter de dormir et voici que je tombe sur cet entretien :
Édifiant, non ? Maître Matthias a mon âge.
2023/01/22 (日) 8:15
Hotter met tout le monde d'accord. Ses Schubert sont bouleversants, ses Wagner d'anthologie et son Basilio du Barbier jubilatoire, dans un répertoire où on ne l'aurait pas obligatoirement attendu. Cela dit le moule est cassé, et les Argonautes ne se bousculent pas au portillon...
Je n'oublie pas que je l'ai découvert à l'adolescence en même temps que DFD et Wunderlich, bonne pioche aussi, dans la Flûte de Böhm ou il incarnait modestement un Sprecher prodigieux d'humanité.
S'agissant de l'interview de Goerne, outre que je n'ai pas pu accéder à deux des articles critiques que tu m'as adressés, je ne comprends pas bien ce qu'il veut dire, ni s'il se rend compte que le régime qu'il impose à sa voix en jouant ainsi aux montagnes russes entre Wotan et la salle de concert porte le risque de nuire gravement à l'instrument. Il est vrai que l'interview date de quatre ans, et que les choses peuvent s'être gâtées depuis. Cela dit, qu'il ait donné son accord pour sortir ce que nous avons entendu conduit légitiment à s'interroger. Mais ils ne peuvent jamais s'arrêter...
2023/01/22 (日) 9:05
Hotter renvoie les Argonautes à leur quête.
Goerne. Des pianistes d'accompagnement qu'il accable, à ses vues sur l'inactualité des opéras : j'y vois les propos amers et égotistes d'un petit maître. Il se vante d'avoir préservé un capital vocal, ce dont on peut, légitimement, douter. Gerhaher, qui, par ailleurs, a terminé des études de médecine, n'aurait jamais écrit cela. Je crois même qu'il est resté fidèle à Sony pour ne pas subir le marketing de DG. Je ne pense pas Goerne capable, non plus, de réfléchir sur le Lied comme Bostridge dans ses livres. Reste ton verdict définitif et parfait : il donne son accord pour ces disques pour le moins médiocres.
Un de mes professeurs de khâgne disait : « Il vient un moment où il faut résister à la tentation de devenir sa propre parodie. »
Je suis mal fichu et accablé de travail pour les jours à venir. Je te laisse avec cette déesse chantant un roi.
2023/01/22 (日) 11:51
On ne peut mieux dire, je vous reçois cinq sur cinq Miroska : tout ceci est déplaisant, stupide et pour tout dire minable.
Et pour nous enlever le mauvais goût de la bouche et te donner du coeur au ventre puisque tu ne vas pas au mieux, la scène iconique de Susie et les Baker boys.
Marilyn n'a qu'à bien se tenir.
2023/01/22 (日) 12:26
Minable est le mot. Bouffi d'orgueil de surcroît. La remarque sur Tosca déclasse le personnage définitivement.
Je pense finir de regarder le quatrième et dernier « Maigret » avec Rowan Atkinson – « Mr Bean » et surtout « Blackadder » forever – , mais assez bon dans le rôle.
Pour repartir vers le haut :
2023/01/22 (日) 22:56
Seefried est -comme toujours- prodigieuse, avec ce timbre d'enfance unique, mais elle trouve une digne héritière en Bonney, que j'adule, et je ne peux faire en écoutant ses admirables Wolf que les Schubert qui me sont chers pour toutes sortes de raisons, pas toutes musicales, ne me reviennent à la mémoire et au coeur.
Qu'ils soient un baume à tes morbidités.
2023/01/23 (月) 9:30
Barbara Bonney, grande straussienne aussi, est aussi dans mes petits papiers ou plutôt mes bottines in-folio avec leurs fermoirs.
Hier soir, j'étais une tessiture plus bas avec Sarah Connolly.
Je trouve Atkinson excellent dans Maigret avec un accent de la BBC qui, lui aussi, tend à se perdre. En voici un exemple majuscule :
Foin de morbidités. Je reprends le collier. Relâche jusqu'au 25.
2023/01/23 (月) 21:02
Pour finir de chasser tes morbidités, deux des airs au moyen desquels Farinelli soigna dix ans durant par musicothérapie son royal employeur.
Curieux comme Maigret se prête aux comiques en fin de carrière.
2023/01/24 (火) 1:23
Ce que dit Atkinson est très intéressant : comment interpréter l'ordinaire ? Atkinson apparaît dans quatre épisodes. Jean Richard dans... 88. Il faut le faire.
Un regret américain : j'ai manqué La Nuit du Carrefour (1932) en projection à la National Gallery, lors de leurs soirées « film noir ». Je n'aime pas outre mesure Renoir, mais apparemment l'œuvre vaut le détour :
Maigret me ramène à un autre souvenir : voici un an, Shigeki [9] nous quittait. En dehors de Tocqueville, je me rappelle qu'il avait lu tout Simenon, ce qui, avec un séjour en Amérique latine, l'avait conduit à la sociologie. Notre dernier trio à Kyoto fut pour les 90 ans de l'Institut.
Shigeki avait aussi une passion pour un pianiste de jazz admirable :
2023/01/24 (火) 7:05
Souvenirs.
Je n'oublie pas l'élégie que tu lui avais alors consacrée [10].
Le dernier trio, qui nous avait de fait réunis à l'Institut, fut en réalité un quatuor. Les vingt ans de Tsuiki [11] le renvoient invariablement à la douceur des soirs passés sur la terrasse que nous avions aménagée dans le jardin, qui n'avait pas encore été défiguré par une intervention architecturale imbécile, et où je m'étonnais qu'il n'y ait pas la mer en lieu et place du Boulevard de l'Est [12]. Yamada et Sirota disent bien ma nostalgie.
[1] Michel Spyres, ténor américain. Sa version en CD des Nuits d'été (Erato, 2021) a été offerte par François Lachaud à Michel Wasserman à titre de cadeau de Noël. Michel, alors à Tokyo, n'y disposait pas de lecteur de CD. [2] Voir Folies françaises 2021, 2021/12/10 (金) 19:33. [3] André Jafet (1947-), chirurgien-dentiste aujourd'hui à la retraite et grand mélomane, est un ami d'enfance de Michel Wasserman. [4] Opéra du Kansai, compagnie lyrique basée à Osaka. Voir Folies françaises 2021, 2021/10/07 (木) 18:27. [5] Bei mir bist du Schuen ! [6] Voir Folies françaises 2021, 2021/09/28 (火) 22:11. [7] affecté(e). [8] banal(es), convenu(es). [9] Voir Folies françaises hiver 2022, 2022/03/12 (土) 23:35. [10] "La mort de Shigeki Tominaga, spécialiste japonais de l’histoire et de la pensée françaises", Le Monde, 23 décembre 2021. [11] Voir Folies françaises automne 2022, 2022/10/07 (金) 5:40. [12] L'avenue Higashi Ôji.